Si l’on essaie de regarder la communication comme un phénomène humain, donc social (c’es-à-dire qui s’inscrit dans des logiques dynamiques et collectives qui participent à l’évolution, à la structuration et à la construction de la société), alors il est possible de pouvoir mieux comprendre ses spécificités : entre la diversité des publiques, les particularités culturelles et le besoin de cibler les opérations de communication, on peut alors cerner plus précisément la dimension profondément anthropologique de la communication. Tout cela nous demande d’abord de comprendre ce qu’est, par exemple, la sociologie – soit l’étude des phénomènes sociaux, de leurs dynamiques, de leurs contraintes et de leur poids dans la vie des individus (les plus grands sociologues étant des intellectuels comme Emile Durkheim, Max Weber ou Pierre Bourdieu, par exemple).
On peut appliquer la sociologie à énormément d’objets : la sociologie du travail permet de prendre en considération la complexité des rapports sociaux dans l’univers professionnel, la sociologie de l’art peut s’attarder sur les carrières artistiques ou le marché de l’art par exemple, et la sociologie de la communication peut avoir pour objet de décrypter la manière dont la communication est perçue, organisée et construite en tant non pas qu’opération d’échange d’information, mais en tant que phénomène social qui implique des tendances, des normes et aussi une meilleure compréhension des publics cible (ce qui rejoint, d’ailleurs, la sociologie des publics dans l’univers culturel notamment). Plus largement, la sociologie fait partie des sciences humaines, tout comme l’anthropologie ou l’ethnologie – qui tentent de comprendre l’être humain, au sens large.
Claude Lévi-Strauss, célèbre ethnologue, définit quant à lui son apport et sa discipline de manière plutôt éclairante – en d’autres termes, il s’agit de se comprendre soi-même en comprenant les autres, comprendre les influences qui font des sociétés ce qu’elles sont, ce qu’elles ont de différent et de commun, et ce que l’on peut observer pour comprendre les comportements individuels non pas seulement comme de simples accidents singuliers, mais comme des faits qui font partie d’un tout bien plus complexe.
On rencontre encore d’autres termes par exemple, comme celui d’ethnographie – qui a plutôt pour objectif de qualifier une méthode d’observation et d’exploration des spécificités d’un groupe humain donné (social, donc !) en utilisant des carnets de bord qui permettent avec rigueur de poser des comportements, en faisant des entretiens individuels ou en groupe, et en captant toute information humaine qui permet de matérialiser ou de comprendre un comportement. De ce point de vue, comme la communication constitue une activité humaine à part entière, il n’y a pas de raison qu’elle échappe aux travaux de ces sciences humaines et sociales ; c’est pour ça par exemple qu’il existe aussi de la sociologie du journalisme ou des médias.
Pour pouvoir se plonger dans une acception plus ethnographique de l’étude des phénomènes de communication (qui permet ensuite de poser un regard sociologique dessus), alors il faut aussi comprendre les moyens à disposition de l’ethnographie, du point de vue méthodologique – comme le propose brillamment ce carnet de recherche : https://mastersociologie.hypotheses.org/3967. En fait, on peut isoler les points méthodologiques suivants, qu’il convient de respecter :
- assumer le positionnement “situé” de son étude, c’est-à-dire expliquer ce que l’on fait exactement lorsque l’on observe – en effet, la personne ne peut et ne doit pas être exclue dans la description du terrain, et l’enquêteur.e fait toujours partie intégrante du dispositif qui permettra de faire émerger des données de l’enquête ;
- savoir exactement ce que l’on veut observer, afin de ne pas se laisser parasiter par d’autres faits qui risquent de rendre “brouillonne” notre enquête et de lui faire perdre toute cohérence ou tout fil directeur : qu’est-ce que je veux observer ? Pourquoi ? Qu’est-ce que je ne veux surtout pas observer ? ;
- une fois que cela est clair, il faut alors (d)écrire ce que l’on observe le plus fidèlement possible, pour ne pas minorer ni majorer certains éléments (et donc les déformer). Bien évidemment, l’objectivité en sciences humaines est un leurre : elle n’existe pas, mais c’est justement la dimension “située” de la chercheuse ou du chercheur qui permet de contextualiser l’enquête, tout en lui permettant malgré tout d’être solide et scientifique ;
- Vos données retranscrites doivent être représentatives (c’est-à-dire que ce ne sont pas seulement des anecdotes qui n’ont qu’un sens isolé) et vérifiables (c’est-à-dire que sur le terrain, une autre personne doit pouvoir faire les mêmes constats que vous) – pour cela, il ne faut pas oublier de relire ses notes afin de pouvoir remettre du lien et du sens dedans, car bien souvent on va avoir des prises de notes partielles qui nécessitent d’être retravaillées ;
- Faire un travail ethnographique ne veut pas dire que vous allez immédiatement tout comprendre à ce que vous observez. En effet, le but est d’adopter une démarche descriptive, d’observer des choses – et c’est ensuite la phase interprétative qui vous permettra d’y trouver du sens, de proposer des hypothèses de compréhension, et d’imaginer d’autres questions complémentaires ;
- Quoiqu’il en soit, il n’y a pas une méthode d’observation ou de recueil de données bien sûr, mais toujours un esprit éthique qui doit permettre à ces données d’être garantes de l’exactitude de vos hypothèses interprétatives.
Proposition d’activité : partir sur le terrain, c’est-à-dire dans la rue, sur les réseaux sociaux ou ailleurs, pour observer des activités de communication (verbale, non verbale, communication d’enseignes, de cafés, etc), d’information et d’image, les retranscrire et en faire une restitution ad hoc. Plan :
- Définition du sujet et de problématique
- Circonscription des terrains de recherche
- Méthode de recueil, d’observation et de (re)transcription, afin d’obtenir les preuves qui garantissent la représentativité et la vérifiabilité des observables
- Interprétation des résultats et enseignements tirés en conclusion